Dans les petits plats des grands

Publié le jeudi, 21 octobre 2010 à 13h58

Catherine De Médicis : De la fourchette, aux lames saignantes 2ème partie

Par Valérie Quezada De Talavera

LE POUVOIR DES DOUCEURSCaterine de Medici 2

Dans la dot de Catherine, on découvre aussi des spécialités et un savoir-faire culinaire italien concoctés par une brigade de fidèles chefs cuisiniers. Elle sait pouvoir compter sur leurs véritables talents d’ « alchimistes » pour leur faire mijoter, le cas échéant, certaines potions fort utiles contre ses ennemis, qui lui vaudront plus tard le surnom de « Reine noire » ou « Vierge des ténèbres ». Pour soigner le mal du pays, rien de tel que de délicieuses recettes de son enfance à consommer avec gourmandise… en toute sécurité, on n’est jamais à l’abri d’un empoisonnement, et pas forcément alimentaire ! Mis à part quelques « bouillons de 11 heures », ces grands cuisiniers d’Italie font découvrir à la Cour des nouveautés délicates : quenelles de volaille, crêtes de coq, crépines de foie de veau ou de porc, beignets d’artichaut, brocolis et autres légumes méconnus arrivent sur la table royale, cela change des énormes rôtis sur les pains tranchoirs. A présent, place au raffinement, les beignets de « cul d’artichaut », comme nommés alors, remplacent notre « grenaille verte » de fèves et autres pois à la mode. La reine a un solide appétit : on raconte qu’elle aimait tant les artichauts qu’elle « faillit en crever ». La réputation des cuisiniers florentins se répand dans tout le royaume ; d'autres véritables artistes ne tardent pas à venir dans le sillage de la reine à Paris, pour faire découvrir leur tradition pâtissière qui devient à la mode en France. On mange à Paris des gâteaux « à la vénitienne », des confitures délicates, le Panettone, le nougat, les marrons glacés, des massepains, etc. Ainsi, la frangipane, créée par le comte Cesare Frangipani installé à Paris mais issue d’une illustre famille romaine, est à l’origine un parfum pour peausserie dont la version pâtissière fut donnée, dit-on, à Catherine de Médicis en gage d’amour.

LA REINE NOIRE S'ATTACHE NOSTRADAMUS !

Devenu médecin personnel, cet alchimiste initié aux « confitures guérisseuses » lors d'un voyage à Milan a enrichi sa pharmacopée de recettes gourmandes comme les pâtes de fruits, le sucre étant considéré encore comme un remède. Il publie en 1552, son très sérieux Traité sur les fardements et confitures, une sorte de manuel de beauté gourmande dans lequel tout les appétits sont stimulés. Au chapitre Les fardements et senteurs pour illustrer et embellir la face, on y trouve cette recette ... « pour celles dont la froideur de la matrice rend impropres à concevoir et satisfaire légitimes appétits » ainsi que d'autres de confitures sèches appelés aujourd'hui… fruits confits, le tout accompagné de recommandations d’hygiène alimentaire. Médecin, alchimiste et astrologue, il devient indispensable à la Reine noire qui l’interroge sur l’avenir de ses enfants. Au fond de quel pot de confiture Nostradamus lira t-il le destin du royaume ?