L'Italie dans la presse française

Publié le mercredi, 17 février 2010 à 09h15

Au secours, les barbares sont parmi nous !

Par Stefano Palombari

Silvio Berlusconi et Nicolas SarkozyUn récent article de Libération signé Robert Maggiori m'a conforté dans l'idée que souvent les lecteurs des journaux sont plus avisés que les journalistes. En comparant l'article et ses commentaires sur Internet, j'ai trouvé ces derniers bien plus justes. L'article en question est paru le 10 février 2010 sous le titre L'Italie de Berlusconi, un pays en voie de barbarisation.

Je dois tout d'abord faire une prémisse : Dans l'ensemble, je partage le constat du journaliste sur la situation italienne. En revanche, je trouve assez naïf de penser que cette situation soit circonscrite à l'Italie. La barbarisation a déjà depuis longtemps franchi les frontières, y compris celle de Ventimille.

La première phrase laisse d'emblée perplexe : « L’Italie est-elle un pays normal ? ». Il est vrai qu'en 1994 lorsqu'il a gagné pour la première fois les élections, Berlusconi était un OVNI sur la scène politique internationale. Mais seize ans plus tard, cette expérience a fait des émules. Sa gestion « personnelle » de la chose publique n'est plus un cas isolé. L'un des lecteurs de l'article a justement fait remarquer les similitudes entre le Premier Ministre italien et le Président français. Un autre a renchéri en soulignant un certain soulagement des Français à peindre en noir la situation italienne et surtout le fait que de l'autre côté des Alpes on s'adonne à la même pratique.

C'est un exercice stérile. Tous les jugements que Maggiori porte sur l'Italie pourraient bien, sans forcer, être adressés à la France : La télé de mauvaise qualité, le fait que la richesse chromatique des Italiens ne soit pas représentée dans les médias, le budget de la culture et de l'éducation en baisse, la xénophobie, la tentative de museler Internet. En réfléchissant, je me suis dit que peut-être il fallait lire le texte au deuxième degré. Maggiori l'aurait fait exprès. En nous donnant la liste des maux de l'Italie d'aujourd'hui, il glisse un message subliminal à l'adresse de la France. Après le « débat » sur l'identité nationale et certains dérapages d'hommes politiques français, il faudrait un sacré culot pour prétendre enseigner aux Italiens le respect des autres peuples.

Enfin oui, il y a une des critiques du journaliste de Libé que je ne partage pas : L'absence des philosophes à la télé. Il est vrai que le personnage du « penseur de plateau » est une spécificité française. En Italie, il n'y en a pas. Tant mieux. J'ai trop de respect pour la philosophie pour considérer comme philosophes la plupart de ces messieurs qui se baladent d'une émission à l'autre pour débiter les pires banalités. Non, merci. Ajouter un BHL péninsulaire au niveau infime des plateaux télés italiens ne ferait que leur donner une couche de fausse crédibilité. Ce qui risquerait de les légitimer, comme cela arrive trop souvent de ce côté-ci des Alpes.