Interviews

Publié le lundi, 6 décembre 2010 à 14h32

Neapolis Ensemble

Par Karima Romdane

Neapolis EnsembleA l'occasion de la sortie de leur nouvel album 77, Neapolis Ensemble sera en concert à Paris, le vendredi 10 décembre au Divan du Monde. Ciro Costabile, directeur artistique et producteur du groupe nous éclaire sur le travail de cet ensemble musical.

Qu'évoque le nom du groupe ?

Neapolis (ville nouvelle) est le nom que les grecs avaient donné à Naples, il y a 27 siècles.

Comment est née l'idée de 'Neapolis Ensemble' ?

Le groupe est né dans le but de diffuser la tradition musicale populaire de Naples. Nous avons réussi, à ce jour, à atteindre ce but dans une quinzaine de pays.

Comment s'est faite la rencontre avec les différents musiciens ?

Tous les musiciens connaissaient déjà ce répertoire, ce qui a rendu la rencontre bien plus simple, même si chacun avait fait, avant la création de Neapolis, des expériences aussi bien dans le classique, dans le jazz et dans d'autres genres musicaux. Ce répertoire, même s'il remonte souvent aux siècles passés, est toujours très vivant, et donc beaucoup joué à Naples. C'est ce qui fait que ces musiciens ont en une connaissance directe et non seulement à travers des recherches musicologiques.

Après 2 albums Napoli (2006) et Palummella (2008) et plusieurs tournées internationales réussies, le groupe revient avec un nouvel opus 77 édité chez le label Aeon. Que sympbolise ce chiffre ? Et la pochette de l'album ?

Dans le jeu de la tombola à Naples, il y a un tirage de 90 numéros, de 1 à 90. Chacun de ces numéros, dans la cabale napolitaine, correspond à un personnage, un fait divers, à une image... Le 77, correspond à l'image des diables.

Comment s'est faite la genèse du nouvel album ? Quels thèmes sont abordés ?

Le diable, dans notre culture, n'est absolument pas une figure négative, au contraire un signe de force, d'obstination, de lutte. Comme notre tradition l'indique, souvent à la figure du diable est associée celle de la femme. A partir de cet aspect, nous avons voulu rendre un hommage à la femme napolitaine, qui conserve ces caractéristiques : la force, l'obstination, mais aussi le rythme. Mais surtout, nous avons voulu mettre en relief un aspect qui va totalement dans un sens contraire du lieu commun, celui qui veut que chez nous existe une société machiste. Ce n'est pas du tout vrai, l'homme chez nous ne compte pas grand chose car on vit dans une société matriarcale, où la femme décide de tout.

Comment a évolué votre musique au fil des différents albums ?

Par rapport aux disques précédents, nous avons voulu poser l'accent sur le rythme, sur un mouvement circulaire dont les percussions et la voix de Maria Marone expriment jusqu'au bout la force de la femme. A travers l'utilisation d'un grand nombre de percussions nous avons voulu reproduire la force, mais aussi les liens qui existent - chez nous - entre la femme et le diable, le femme et la magie, la femme et le rythme. Une autre différence très marquante avec les disques précédents on la retrouve justement dans la conception d'un disque qui a un rythme presque obsessionnel, parfois agressif, tout le long des cinquante minutes.

Quelles sont les principales sources d' inspiration du groupe ?

Le groupe, depuis son début, a toujours mis en avant la tradition musicale populaire, qui remonte à partir du 13ème siècle. Mais nous donnons aux textes une importance première, pareil qu'à la musique, pour souligner un aspect fondamental, c'est-à-dire l'actualité de ces textes. Il est extraordinaire de parler de faits d'aujourd'hui avec des textes, dont la plupart anonymes, ont été écrits il y a trois ou cinq siècles.

Quels sont les instruments musicaux utilisés ?

Nous avons utilisé pour ce disque un nombre immense d'instruments. En plus de toutes les percussions traditionnelles de Naples et de la région du Vésuve, nous avons utilisé des timbales, une gosse caisse, et puis ajouté d'autres instruments à vent comme le cromorne et des flûtes à bec, la guitare battente en plus de la guitare à six et à douze cordes, le violoncelle et une basse acoustique. En public, il ya sur scène, un grand mouvement : tout le monde joue de tout ! Il y a des chants où tous les musiciens jouent des percussions.

Est ce qu'une tournée est prévue prochainement en France après le concert parisien ?

Nous avons une belle tournée en France qui se prépare à partir de février, dans le cadre d'une tournée qui touchera aussi la Belgique, la Russie, la Hollande et l'Allemagne. En France on peut nous retrouver un peu de partout : à Strasbourg, à Nantes, au Château de Chambord... Il suffit de consulter la page facebook du groupe pour trouver toutes les actualités.

Des projets en perspective ?

Il y en a deux en particulier, un que je peux annoncer tout de suite, l'autre qui attend une confirmation. Le premier, en réalité, plus qu'un projet est une collaboration très importante que notre groupe vient d'entamer avec un producteur français de renommée internationale, Harry Lapp. Le deuxième, comme je vous le disais, est en attente de confirmation mais il s'agit d'une collaboration avec un artiste italien très important que, pour des questions d'opportunité, j'évite de citer ici. Je ne manquerai pas de vous mettre au courant dès la concrétisation.