150 ans d'Italie

Publié le jeudi, 3 mars 2011 à 09h59

La bella Rosin

Par Christine Barbier

la bella Rosin« Très belle, brune, sensuelle, voleuse des cœurs », la Stampa consacre une pleine page à la bella Rosin, alias Rosa Vercellana. Lorsque Vittorio Emmanuel II en tombe amoureux, elle a 14 ans. Le premier roi d’Italie l’aimera d’un amour tumultueux et passionné, mais aussi d’un amour domestique et familier, rassérénant malgré tout. Le jeune roi la voit la première fois à un retour de la chasse à Racconigi, c’est en 1847, il a 27 ans, quatre enfants et un en attente, il est l’héritier du trône du royaume de Sardaigne. Entre eux, commence une véritable histoire d’amour. Rosina donnera à Vittorio deux enfants et sa vie entière. Elle le suivra dans toutes les étapes de l’Italie qui se construit. Vittorio devient veuf de Marie Adelaïde en 1855, mais les manœuvres et les menaces de Cavour et de son entourage, les pressions politiques, l’empêcheront d’épouser officiellement Rosina. Le mystère demeure encore aujourd’hui sur leurs noces morganatiques contractées en 1869, quand Cavour n’était plus.

Au rendez vous du 150ème anniversaire de l’Unité d’Italie, Gianni Farinetti met la Bella Rosin au centre de son nouveau roman : « L’idée de ce personnage sympathique me permettait de raconter une sorte de Risorgimento privé, la grande histoire vue d’un petit point de vue ». La trame narrative déroule les derniers quatre jours du Roi. Avant de mourir, il revoit sa vie et les évènements exceptionnels qui l’ont marquée, et surtout se souvient avec tendresse de son grand amour pour « La Reine des cœurs ». C’est un feuilleton affectueux souligne l’auteur, avec un sourire pour les escapades de lui, les scènes et les scénettes, les bijoux offerts, et le mauvais goût ostentatoire de la bella Rosin avec ses vêtements et ses bijoux voyants. Mais aussi ses préoccupations de brave femme venue du peuple : s’occuper de leurs enfants, des maisons, tout cela est très piémontais. Vittorio Emmanuel est l’exemple typique de l’homme qui a deux familles. Peut être une comédie à l’Italienne, écrite avec un point de vue affectueux, pas condescendant.

« La Reine des Cœurs » par Gianni Farinetti, Marsilio editore.