Interviews

Publié le vendredi, 22 mai 2015 à 15h15

Fiorella Mannoia

Par Karima Romdane

Fiorella Mannoia

L'artiste romaine Fiorella Mannoia nous a accordé une interview à l'occasion de son prochain concert, le 29 mai à la Cigale, dans le cadre de sa tournée européenne.

Cette tournée qui a commencé en novembre dernier suit la sortie d’un double album « Fiorella », une compilation où l'artiste revisite quelques-unes des chansons les plus importantes de sa carrière et en rendant hommage aux auteurs, qui ont travaillé avec elle au fil des ans. Parmi les invités de l'album, Laura Pausini, Enrico Ruggeri, Daniele Silvestri, Massimo Bubola, Adriano Celentano, Claudio Baglioni, Frankie HI-NRG, Franco Battiato, Dori Ghezzi, Tiziano Ferro, Luciano Ligabue, Dori Ghezzi, Renato Zero, Pino Daniele, Ivano Fossati, Niccolò Fabi, Pau Negrita, Giuliano Sangiorgi Negramaro, Cesare Cremonini.
Un dernier titre rend hommage à Lucio Dalla après son précédent projet discographique "A te" (2013) avec la chanson "Il parco della luna".

Votre dernier concert à Paris remonte à 10 ans déjà, pourquoi une si longue absence ?

Tout simplement parce que l’occasion ne s’est pas présentée, j’ai fait des tournées très longues en Italie et entre les enregistrements des albums et les engagements diverses, on s’est perdus de vue. Malheureusement, le temps n’est jamais suffisant pour faire tout ce qu’on voudrait faire. Paris demeure une de mes villes préférées et quand je peux, j’aime revenir comme quand on retrouve une vieille amie.

Comment et quand est née votre passion pour la musique ?

Je l'ai toujours eu, transmise par mon père, un musicien non professionnel mais passionné de musique et d'opéra. Les contes qu'il me racontait quand j’étais petite ont été les histoires de Tosca, la Traviata, Aida, Rigoletto… Je connaissais toutes ces histoires avant même d'écouter la musique. Je me souviens d’avoir toujours chanté dès l'âge de 5 ans.

Quels sont les points de référence dans votre style ?

Toute la musique m'a influencée, en particulier celle d'auteur. De Andrè, Fossati, De Gregori, Dalla, Pino Daniele.

Votre dernier album « Fiorella », un double CD anthologique, présentez-nous la genèse de ce projet.

L'année dernière, j’ai célébré mes 60 ans. J’ai pensé que peut-être, il était temps de faire une anthologie avec toutes les chansons les plus importants de ma carrière et faire un hommage à tous les auteurs et collègues qui m’ont accompagné dans ce long parcours, en faisant des duos avec eux. C’était comme ouvrir un tiroir de souvenirs. Et l'adhésion de tous mes collègues, m’a vraiment émue.

Une chanson inédite « Le Parole perdute » écrite par vous-même, quels sont ces mots perdus ?

Les mots perdus sont les non-dits, par pudeur, par timidité, ceux qu’on aurait voulu dire et qu’on on n’a pas pu le faire à temps. Mais aussi les mots qui sont en train de perdre leur sens, comme l'honnêteté, la compassion, le respect …des mots qui attendent une étincelle de courage pour être prononcés et retourner à la surface, ceci dépend de nous. C’est une chanson d'espoir.

Envisagez-vous d’écrire pour les autres artistes ? Et pour quel artiste aimerez-vous écrire ?

« Le parole perdute » n’est pas la seule chanson que j’ai écrite. J’ai commencé à écrire tardivement, j’ai été tout au long de ma carrière une interprète seulement. J’ai écrit quelque chose pour les autres, en particulier les jeunes artistes et je pense que je vais continuer à le faire, si j’ai les inspirations justes.

Vous êtes une artiste très engagée, et n’hésitez pas à mettre votre art au service des droits humains, la chanson « Non è un film » (Prix Amnesty International 2012) dans la quelle on vous voit aussi dans un tout autre style et une collaboration avec le rappeur Frankie Hi-NRG MC, et le sénégalais Natty Fred. Comment est née cette chanson ?

J’ai toujours aimé Frankie et ce qu’il exprimait dans ses textes mais je ne trouvais pas un moyen pour entrer dans son monde. Quand j’ai décidé en 2012 d’appeler un projet discographique « Sud », je lui ai demandé un texte évoquant l’ immigration. Nous nous sommes rencontrés, nous avons parlé, et après quelques jours, il a écrit "Ce n’est pas un film", je ne pensais pas que je devais rapper aussi, je pensais inclure une partie chantée comme il est usuel de faire, mais j’ai été obligée par Frankie, il dit que je l'ai bien fait, mais je ne le crois pas. Disons que j’appelle ça une…récitation sur le tempo . Il ya eu beaucoup de musiciens africains sur ce projet, Natty était l'un d’eu , sa voix était très importante dans ce contexte. La réalisation de l’album « Sud » a été pour moi une expérience humaine, avant même d’être une expérience musicale. Les musiciens impliqués m’ont raconté leurs histoires et les cultures de leurs pays, ils m’ont accompagné sur la route vers l’Afrique, me permettant de rencontrer des gens extraordinaires comme Odile et Blandine Sankara, les sœurs du Président du Burkina Faso, l'homme le plus aimé de toute l'Afrique: Thomas Sankara. Un homme d'intégrité.

Ya-t-il de nouveaux terrains que vous aimerez explorer ?

Je suis curieuse de tout, je tiens également à faire du théâtre, réciter, je ne sais pas si j’en serais capable mais j’aimerais me mettre à l’épreuve.

Quels artistes francophones aimeriez-vous reprendre ou collaborer avec ? J’aime vraiment Stromae, nouveau, moderne mais aussi traditionnel.

Un disque, un livre ou un film qui vont ont marqué récemment.

Ça peut sembler étrange pour quelqu’un qui chante un genre complètement différent, mais j’aime le groupe américain « Paramore », peut-être, il est vrai que nous sommes attirés par notre contraire. Pour les livres, j’aime l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano. Sa récente disparition m’a affectée, pour moi ce n’est pas seulment un auteur qui est parti mais un maître de vie. Un film que je vraiment aimé récemment : "Le Reluctant Fundamentalist" (L’intégriste malgré lui) de Mira Nair adapté du roman homonyme du pakistanais Mohsin Hamid.

Votre portrait chinois :

- Si vous étiez un adjectif, vous serez… l'honnêteté
- Si vous étiez un son, vous serez…le son du piano
- Si vous étiez une couleur, vous serez…rouge
- Si vous étiez un sentiment, vous serez…le respect